Facebook, le Jésus des réseaux
Combien de fois avons-nous pu lire dans différents médias la fin de Facebook? Depuis combien de temps des « experts » des réseaux sociaux (au final des simples journalistes avec un compte Twitter) ont prédit la mort du réseau social de Mark Zuckerberg? Est-ce vraiment possible un jour de voir Facebook derrière un autre réseau? Force est de constater que derrière de multiples spéculations souvent infondées, Facebook est toujours là, et surtout toujours numéro 1. On a beau annoncer la mort du réseau, scandales après scandales, il aura sûrement la vie éternelle. Décryptage.
De Cambridge Analytica à… bah rien du coup
Souvenez-vous, c’était le 17 avril 2018. Ce jour-là, Facebook admet recueillir des données sur les internautes, peu importe qu’ils soient inscrits sur Facebook ou s’ils naviguent sur d’autres sites. Le problème, c’est que ça ne concerne pas 100, 1000, 100 000 ou 1 million de personnes… mais 87 millions d’utilisateurs de Facebook, principalement aux USA. C’est presque 1,5 fois la population de la France : tout simplement hallucinant. Ces données, récupérées par l’institut Cambridge Analytica ont en plus servi à influencer les résultats de la campagne présidentielle américaine, en faveur de Donald Trump. Du jamais-vu dans l’histoire, et qui prouve (si on en doutait encore) de la puissance des plateformes sociales.
À partir de ce moment, tout s’enchaîne très vite : les médias mainstream nous pondent des sondages sans queue ni tête, avec parmi eux le célèbre « 1 français sur 4 serait prêt à quitter Facebook depuis l’affaire Cambridge Analytica ». Un chiffre complètement dingue, car partant du principe qu’en France, 34 millions de personnes sont inscrites sur le réseau, cela revient à dire « 8.5 millions de français sont prêt à quitter Facebook ». Mais entre être prêt et passer à l’acte, on se rend compte que personne n’est vraiment prêt à le faire.
Combiné en plus à la nouvelle réglementation du RGPD, ce scandale ne pouvait pas plus mal tomber (on en est réduit à se demander si ce n’était pas fait exprès…). Vient l’heure des résultats trimestriels de notre ami Mark Zuckerberg, fin juillet 2018. Facebook annonce donc que le nombre d’utilisateurs mensuels actifs de Facebook s’affiche au 30 juin en hausse de 11% sur un an. Son chiffre d’affaires a, sur la période, progressé de 42%.
Des résultats « décevants »
Alors oui, les plus pointus d’entre-vous diront : « Oui mais Thomas, Facebook a perdu 120 milliards de dollars de capitalisation boursière suite à ses résultats considérés comme décevants ». C’est vrai, et c’est d’ailleurs le seul véritable point noir de cette affaire. Mais dans tous les cas, cette chute est principalement due au fait que les résultats sont moins importants que prévus, ce qui perturbe la confiance des investisseurs, et comme vous le saviez, en bourse, un rien peut tout faire chuter (Et ce n’est pas Kylie Jenner avec Snapchat qui dira le contraire…), mais on annonçait une chute de fréquentation, ce qui au final n’est absolument pas le cas. D’autres plus lucides me diront « Thomas, on parlait d’un français sur 4, et tu nous donnes des chiffres concernant le monde entier ». C’est vrai également, mais tout simplement dû au fait que très peu de chiffres concernant la France circulent. Si j’en crois les quelques sources qui se recoupent, Facebook a perdu un million d’utilisateurs… en Europe. Très loin donc des 8,5 millions rien qu’en France…
Facebook, c’est un écosystème
Mark Zuckerberg est un visionnaire en terme de rapports sociaux dans le digital. Son réseau malgré tous les scandales reste numéro 1 dans 93% des pays ! Les seuls pays qui résistent encore et toujours à l’envahisseur sont souvent sous régime totalitaire et communiste (à l’opposée donc du capitalisme a l’américaine). La Chine notamment a contré le succès du réseau avec QZone (et un peu (beaucoup) grâce à la censure du réseau également), souvent d’ailleurs rebaptisé le « Facebook chinois ».
En plus de ces statistiques vertigineuses, Facebook c’est aussi « Messenger », son application de messagerie qui totalise 1.3 milliards d’utilisateurs actifs chaque mois. 1.3 milliards tout comme Whatsapp, une autre messagerie externe à Facebook cette fois-ci, mais qui a bien été racheté par le groupe de Mark Zuckerberg. Pour les plus au point, vous devriez savoir qu’en novembre 2013, Facebook avait tenté de racheter Snapchat (tout jeune à l’époque) pour 3 milliards de dollars. Evan Spiegel (le fondateur) avait alors refusé. La suite, on la connaît : Facebook rachète Instagram, le transforme en véritable arme anti-snapchat, lui vole le concept des stories, puis prends des coups d’avances. Au final, Instagram compte aujourd’hui plus d’un milliard d’utilisateurs mensuels actifs. 176 millions par jour se battent du côté de Snapchat…
Les jeunes partent plus souvent vers Instagram et Snapchat
Le point négatif dans toutes ces histoires est le départ surtout des plus jeunes vers ces 2 plateformes. D’un coté, on se dit que le réseau se « ringardise », et qu’il n’attire plus les jeunes. Il y a un an maintenant, Oscar Orozco, analyste principal chez eMarketer voyait ce recul des millenials comme une nouvelle envie des jeunes pour des réseaux plus visuels et interactifs. D’un point de vue personnel, je le vois plus comme une façon d’échapper au contrôle des parents. Peu de parents étaient sur Facebook il y a quelques années et se sont décidés a s’y mettre voyant leurs enfants toujours dessus ou pour s’assurer qu’il n’y a pas de danger. Il est rare de croiser des parents aujourd’hui avec un compte Instagram et encore moins Snapchat.
Alors au final, est-ce grave de voir partir les jeunes de Facebook pour aller sur Instagram? Pas vraiment… pour les annonceurs en tout cas ça ne change pas grand chose puisque pour ceux qui sponsorisent du contenu sur Facebook, vous êtes en mesure de savoir qu’Instagram est disponible dans les placements proposer par Facebook. En gros, si un annonceur veut payer pour afficher de la publicité sur Instagram, il doit se tourner vers le Business Manager… de Facebook. L’argent retourne dans les mêmes poches.
Un combat loin d’être terminé
Il faut relativiser sur le fait que Mark Zuckerberg perds des utilisateurs. Il en a perdu (très peu au final) lors du scandale des données personnelles, il continue d’en perdre également chez les jeunes, en partie récupéré par Instagram. Facebook a largement les moyens financiers pour couler Snapchat, ce qu’ils ont déjà bien entamé à faire. Ils ont une force de softpower assez incroyable, et je ne crois absolument pas à la fin ni maintenant ni plus tard. Ils vont rebondir sur de nouveaux projets innovants comme ils ont toujours su le faire, et on aura le droit a de nouveaux articles dans nos beaux médias titrés « Facebook remonte la pente » ou encore « Mark se démarque ».
Récemment, nous avons appris la démission des deux fondateurs d’Instagram. Selon l’agence Bloomberg, cette décision serait en partie due au fait du désaccord entre les fondateurs d’Instagram et Mark Zuckerberg, sur comment Facebook peut utiliser les données personnelles de la plateforme de partage de photos à des fins marketing. Instagram étant en pleine expansion, on se doute bien que le réseau de Mark a plus d’un tour d’avance.
En fait, si Dieu était le père des réseaux sociaux, Facebook serait Jésus. Même si on le croit mort, il finira par ressusciter.
Tu aimes cet article? Partage le !